Les mots qui nous manquent

Jeudi 15 octobre 2020 à 18 h 30 aux Laboratoires 41 rue Lécuyer à Aubervilliers – Jeudi des langue et des cultures

Quels mots, quelles expressions vous manquent quand vous passez d’une langue à l’autre?  Cette question sera l’occasion d’une conversation avec Yolande Zauberman, artiste et cinéaste dont le dernier film M vient de recevoir le César du meilleur film documentaire et l’écrivaine et chercheuse Paulina Mikol Spiechowicz, autour de leur ouvrage poétique Les Mots qui nous manquent publié en 2016 chez Calmann-Levy. Organisé en glossaire, ce texte dresse un inventaire de mots d’autres langues n’ayant pas d’équivalents en français, que les deux auteures n’ont cessé de collecter, de traduire et de faire traduire. La conversation sera animée par Amélie Mourgue d’Algue, artiste qui explore dans sa pratique artistique les dimensions “d’hospitalité” et la possibilité de repenser le “maternel” dans la langue.La structure du glossaire repose sur la trajectoire dansante de l’association libre dans le champs de l’intime. Prenant cela comme point de départ, la conversation sera également rythmée par la projection de vidéos de Yolande Zauberman et par des interventions des invités et du public.

Yolande Zauberman est une artiste pluridisciplinaire, cinéaste et écrivain qui alterne le documentaire et la fiction, le long- et le court-métrage, l’art vidéo et l’art narratif. Son cinéma investigue les zones d’ombre, brise les interdits, libère la parole et force l’écoute. Il nous confronte à des réalités maintenues sous silence. Ses films ont été sélectionnés au Festival de Cannes, à la Mostra de Venise parmi d’autres. Elle a reçu de nombreux prix pour ses oeuvres dont le Grand Prix du Festival de Paris pour son premier documentaire, Classified People (1987) sur l’apartheid en Afrique du Sud et le César 2020 du meilleur documentaire pour M, son dernier film tourné en yiddish au coeur des communautés juives orthodoxes.

Polyglotte et passionnée de philologie, Paulina Mikol Spiechowicz est poète, romancière, photographe et chercheuse en lettres et histoire de l’art. Son recueil de poèmes plurilingues, Studi sulla notte a été publié en 2011, et adapté en monologue théâtral en 2012.  Son recueil de poèmes trilingue, Intimisme a été publié en France en 2012.  En 2013, elle a soutenu une thèse de doctorat à l’École Pratique des Hautes Études sur l’analyse de l’espace et de l’architecture dans la littérature et la poésie (Ut architectura poesis. La description architecturale dans le Roland furieux de l’Arioste [1532]).

Amélie Mourgue d’Algue, artiste et écrivaine est la fondatrice du groupe de recherche bureau des heures invisibles.  Docteure en Philosophie des pratiques artistiques du Royal College of Art, elle est également diplômée de Central St Martins et Goldsmith College. Dans sa thèse intitulée Belonging in (M)other tongues soutenue en 2018, elle s’appuie sur la  fonction poétique et réflexive des mots, de la photographie et du film pour explorer la proposition que le sentiment d’appartenance est rendu possible par le passage à la parole et l’expérience d’être écouté et entendu, conduisant à repenser ce qui fait qu’une langue est maternelle.

Le bureau des heures invisibles est un groupe de recherche artistique dont la pratique collaborative, fondée sur la rencontre et la conversation, est d’imaginer et de réaliser des dispositifs qui confèrent aux situations qu’ils créent ‘le pouvoir de faire penser ensemble’, selon les mots de la philosophe Isabelle Stengers. En ce moment,  le b h i interroge ce que sont les conditions de possibilité d’un sentiment d’appartenance plurielle, abordant cette question notamment à travers l’expérience de la pluralité des langues. À ce stade de son développement, le bhi, installé récemment à la Maladrerie à Aubervillier, s’attache à tisser des liens avec ses voisins, habitants du quartier ainsi qu’avec les associations locales tout en proposant ateliers et conférences participatives.

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